A ceux qui savent ne pas savoir...

jeudi 29 mars 2007

La pluie


Certains n’aiment pas la pluie, certains se couvrent de parapluies ou de manteaux. Certains attendent sous un abri. Pourtant quand on a goûté à la pluie une fois, on sait que l’on veut recommencer. Quand on senti une fois son infinité sur son visage, on veut en connaître plus. Quand on senti une fois la goutte chatouiller son nez ou sa tête, on veut sourire encore. Quand une fois nous sommes passés d’un homme propre à un homme mouillé, on veut de nouveau transgresser cet état incongru. La pluie c’est ce que les gens nous apprennent à craindre. Alors qu’un soleil nous fait plus de mal, nous nous protégeons de la pluie. Que croyons-nous savoir au final ? J’aimerais que la pluie soit la matière de notre idylle, j’aimerais que le ciel gris renverse ce qu’on nous a appris. Ouvrir la bouche et manger le ciel, ouvrir la bouche et boire sa quintessence, ouvrir la bouche et vivre de ce que nous ne savions plus. Qu’avons-nous pour oublier de nous émerveiller devant ce vent qui transporte l’eau, devant cette pluie qui ne fait qu’une et pourtant étincelle de milliards de gouttes ? Oublions plutôt nos habits, oublions ces bienséances, oublions nos angoisses. Vivons le regard vierge et la tête jeune. Vivons de pluie et d’envies. Choisir son ciel, choisir ses sensations, choisir sa vie. C’est là que tout commence. C’est là que nous sommes vraiment. C’est là que nous nous connaîtrons.

Nous sommes là

Des fleurs pour une femme. Des fleurs comme l’allégorie de sentiments. Des fleurs pour une pensée. Je ne crois pas que ce soit cela qui m’ait donné envie d’en offrir. Une fleur, c’est la couleur, une fleur c’est la vie qui éclot et qui se détache de la verdure omniprésente autour d’elle. Une fleur n’a pas d’environnement, elle se détache de lui tout en le sublimant. Elle n’a pas de loi et rayonne du même éclat, enracinée dans la terre comme plongée dans un vase. Une fleur c’est un monde à elle seule qui enfante le monde qui l’entoure. C’est un regard sur le monde par un autre monde. Offrez des fleurs et nos regards traverseront ce monde. Là où nos envies pétillent et virevoltent. Nous sommes là.

De l'inutile

Inutile de pisser du haut d’un falaise, inutile de bronzer les orteils écartés, inutile de sauter à pieds joints dans une flaque d’eau, inutile de sonner chez tous les voisins à 4 h du matin, inutile de regarder les habits changer de couleur quand la machine à laver commence à envoyer la sauce, inutile d’avoir des lunettes à paillettes, inutile de savoir roter exprès, inutile de chanter sous la douche…

En fait j'aime l'inutile, je trouve que c'est uniquement de cela que sont faits les meilleurs moments. Pour prendre un exemple culinaire : se brosser les dents, c’est emmerdant et c’est utile, mais manger un gros chocolat bien collant et sucré c’est inutile. Il ne faut pas confondre l'utile et le vital, se nourrir c'est vital mais non utile. Quand je mange un steak avec de la purée c’est vital. Si je rajoute de la moutarde ça devient inutile. Et si j'en donne la moitié à mon poisson rouge c'est utile.

Je jouis de l'inutile. L'inutile c'est tout moi. Je ne sers à rien pour toi. Mieux vaut te trouver un paire de ciseaux ça te sera plus utile. MAIS SI TU ES AUSSI INUTILE, viens faire des bulles de savon avec moi, on fera la course de celui qui finit son tube en premier. Inutilement, bien entendu !

Tout là haut...

Je n’ai qu’une envie simple et vagabonde, donner quelques mots et m’enchanter de leur écho…

La lettre

Déchire papiers et ouvre lettres, pâle nuit face à la couleur d'un mot bien heureux, désordre de feuilles, mots parsemés, je n'ai qu'une odeur à l'oreille, la paisible et agréable chanson que voilà... Octaves limpides au fond d'une mer de notes, j'aime, je nage, coulant et roulant sous la houle de souvenirs à peine nés. Florilège de bonheurs, sommets oniriques, peu importe leur immensité ou leur grandeur. Aveugle et sourd, me voilà de nouveau perdu, me voilà emporté dans un nouvel élan, vers un pays mystérieux dont j'ai souvent oublié le nom. Trop tôt pour y voir le jour, trop tard pour savoir quand il a émergé. Labyrinthe vivant, dédale séduisant que je ne peux repousser. Advienne que pourra...

mercredi 28 mars 2007

Le temps


Le temps me chatouille les côtes, il me taquine. Il vient me chuchoter sur la peau son envoûtant tic-tac. Pas de répit, il est là, toujours à gambader dans mes yeux. Et je suis impatient. Voilà ce qu’est le temps, un obsessionnel rigolo qui vient nous perdre dans ses méandres, nous donner le futur en pâture et nous l’enlever avant même que l’on puisse y goûter. Je dois me résigner, je dois sourire de ses chatouilles et attendre. Inutile de résister.
Nous sommes des rires perdus entre le passé et le futur, nous coulons notre joie dans le temps malicieux et impartial. A nous de rêver et d’attendre, le temps dessinera son horizon à travers nos envies. Nous pourrions faire semblant de ne plus être impatients, mais le temps fait corps avec nous, si nous le trompons, nous nous trompons. Le temps est infatigable, il est comme une marée incessante qui vient nous lécher le bout des pieds. Toujours là, il nous éclabousse de son attirante lumière et nous incite à y plonger.
Alors j’hume l’écume de son sillage et je vis. Je vis pleinement de ce présent si délectable, je vis de cette attente qui encense nos jours, je vis joyeusement, les yeux rieurs et le nez à l’horizon.
Je ne saurai me taire encore et encore, j'ai les bouts des doigts qui me démangent et qui veulent danser, j'ai les neurones qui s'amusent et abusent, les mots viennent et partent mais reviennent toujours, j'ai perdu mon silence un jour de pluie, je l'ai échangé contre un perroquet, il m'a répété un peu de vie, il m'a mordu le bout des doigts à jamais, alors j'écris, j'écris, j'écris, à l'assaut de la vie !
London, green park.

Je vais te raconter une histoire... Connais-tu le stellopode ? C'est un animal très très rare, très craintif. Je ne suis pas sûr que son existence ne soit pas juste issue de mon imagination. Mais il parait que l'on peut l'apercevoir certaines nuits. Je l'ai déjà vu dans mes rêves, alors je continue à croire que je pourrai le voir un jour... ou plutôt une nuit...

Le stellopode ne mange pas, ne boit pas, ne dort pas. Il ne bouge pas non plus. Il est là, toujours au même endroit, dans le ciel. Quand le jour se lève, il se cache dans les courants d'air. Sa seule activité est d'arpenter la nuit, de refléter la lumière d'une étoile, celle qui le cache, celle derrière qui il sera toujours. Les pieds dans les étoiles, le corps dans le firmament stellaire de la nuit. Il n'a pas la même intelligence que nous, il ressent, ne vit que par les vibrations de l'air, le son des étoiles.
Parait-il qu'il sait reconnaître qui saura le voir. Personne ne sait quel effet cela fait. Personne n'en parle. C'est un secret bien enseveli en chacun de nous. Quand on grandit, souvent on l'oublie. On le laisse s'évaporer chaque nuit, à chaque rêve, vers les nuages. Je te raconte tout cela pour que tu n'oublies pas non plus, pour que je n'oublie pas, comme toi. Pour que mon secret ne soit plus tout seul, pour qu'il puisse se mêler à la nuit et vouloir revenir. Bonne nuit...
 
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