A ceux qui savent ne pas savoir...

vendredi 25 janvier 2008

Nature


Sans une once de maigreur, loin de l’âge du temps, mère nature porte en son sein l’irréalité humaine. Son éclat nous rend sourd, son indifférence nous émeut. Absurde élégance que nous essayons de peindre dans nos yeux. S’exalter de son essence, entendre sa beauté. Fascination de l’inhumain par l’humain. Notre vie se mêle à la sienne. Sans cesse. Porter son regard, le soutenir et partir. Là où nous avons vu, là où nous avons cru, là où nous avons bu notre rêverie, tout n’est que mémoire. La nature nous donne ses illusions et garde nos espérances. Impassible majesté que le temps roule sur la peau de nos sentiments. Je n’ai que ce souvenir, que je couche dans ces mots, un souvenir bouillonnant, qui murmure dans le temps, le plaisir d’un moment.

samedi 19 janvier 2008

Monsieur Louis est silencieux


Monsieur Louis est silencieux. Il ne parle presque jamais car il trouve que les mots sonnent faux. D’ailleurs il ne comprend pas pourquoi les gens parlent ou écrivent, car tout ce qu’il y a dans le cœur est ineffable. Alors que dire à part ce qu’on a sur le cœur ? Y a-t-il plus vivant que le cœur ? Y a-t-il plus véritable ?

C’est peut être une sorte d’économie ou de minimalisme, mais Monsieur Louis trouve qu’il est préférable d’en dire moins que trop. Les mots peuvent plaire mais c’est autre chose, c’est comme la peinture ou la musique, c’est un art, un média imparfait. Ils ne servent pas à parler, ils servent à peindre ou à chanter. Les mots ne peuvent parler pour nous.

Souvent, quand il voit des gens, on lui demande s’il va bien, ou s’il n’est pas triste, parce que les gens ne sont pas habitués au silence. Mais Monsieur Louis est heureux, et sans doute encore plus heureux que ceux qui parlent, car tout ce qu’il sent, il ne le dit pas, il le vit, le revit, et l’étale dans tout son corps.

Quand on connaît un peu le silence et que l’on voit Monsieur Louis, on sent quelque chose qui grandit dans notre ventre, on comprend tout sans savoir de quoi il s’agit. Et plus les secondes passent, plus le regard qu’il nous porte semble ancré au fond de nous. Le silence nous apporte la sérénité, et le temps s’allonge pour nous laisser goûter à cette présence.

Regarder monsieur louis, au fond c’est se regarder aussi. Lorsque ses yeux se plissent, lorsque son souffle chante, lorsque ses lèvres sourient, tout ce que nous sentons vient de nous. Monsieur Louis provoque la sensation. Notre sensation. Et c’est cela qu’il protège. Quelle déception lorsqu’un mot vient rompre cette élégante harmonie et qu’à cette simplicité envoûtante s’ajoute de la dentelle inutile. Le silence de Monsieur Louis est plein de vigueur. Il est parfait car il se suffit. Il est pur. Il est vaste. Et il est riche. Riche de sa vie, riche de son corps, riche de ses croyances. Car Monsieur Louis a un secret. Monsieur Louis est amoureux.

vendredi 18 janvier 2008

Gris


La vie est faite de contrastes, de noir et de blanc. Le noir renforce le blanc. Le noir rend le blanc encore plus merveilleux. Mais ne voir que le blanc et le noir, c’est absurde. Ce serait goûter le sommet d’une montagne sans prendre le temps de la gravir et redescendre instantanément. La vie est souvent quelque part entre le noir et le blanc. Il ne faut pas occulter ce qui les sépare. La vie est faite de contrastes, mais elle est surtout faite de gris. A la différence du blanc, le gris est imparfait. A la différence du noir, il est incomplet. Mais le gris est à la vie ce que le sang est à notre corps. Seul il n’est rien, sans lui, nous ne sommes rien. Le gris est supérieur au noir et au blanc. Car son imperfection est durable. Car son incomplétude est infinie. Savoir vivre, c’est savoir cela. C’est voir le gris dans le noir et le blanc tous deux mélangés. C’est tirer de l’expérience du blanc et du noir, la couleur de notre vie. Vivre c’est long. Le noir et le blanc n’y sont qu’anecdotiques. On pourrait haïr le noir, on pourrait adorer le blanc. Mais que serait une vie découpée et sans consistance ? Attendre le blanc, éviter le noir, est-ce cela vivre ? Avoir la force de vivre, c’est peindre le gris dans nos cœurs grâce au blanc et au noir. Le gris n’est pas faible. Le gris n’est pas fade. Le gris n’est pas triste. Il est incomplet, imparfait, mais il donne à la vie son attrait humain. Et finalement, le gris est plus beau que le blanc. Et finalement, le gris rend le noir insignifiant. Car nous sommes vivants.
 
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