A ceux qui savent ne pas savoir...

dimanche 22 avril 2007

Lumières


Dans la lumière, l’inconsistance et la résistance de la nuit. De la lumière, l’habit d’éclat pour le vide et le noir. Par la lumière, le baiser brûlant des couleurs sur notre rétine. Je marche et je sens les reflets ténébreux du vestige d’un jour gravant dans les méandres de la nuit ses rêves de joie. Moment irréel où sombre et clair s’assemblent, offrant à nos yeux l’indifférente beauté d’un tableau éphémère. Les mots se perdent dans l’encre noir d’une Seine endormie, puis renaissent, transcendés par la vie qui flotte sur la peau de la nuit. Grandeur, rêverie, et fascination. J’aime. Je cours à travers les souvenirs qui se forment sur cette eau mystérieuse dans laquelle la magie du monde se réduit à un scintillement. J’aime. Les sons s’estompent dans la simplicité de cette lumière et je souris en oubliant de penser. J’aime. Je ne fais que respirer l’obscurité qui m’embrasse et m’efface dans cette intemporalité absolue. J’aime. La nuit me prend et le jour me tire. Je me perds en moi, rêvant à l’inconditionnel chemin que nous dessinons pour un peu d’amour et de vie.

jeudi 19 avril 2007

Conversation au musée


Discussion entre un homme et une femme dans un musée :

Elle : Ah bon ?
Lui : Oui, mais ce n’est pas un scoop.
Elle : Non je pense qu’il y a une grande majorité de croûtes dans ce musée et quelques biens dans les coins.
Lui : Etant donné que il n’y a pas l’air d’avoir plus de quatre coins dans cette pièce nous sommes d’accord.
Elle : Oui, pas très belle cette expo… les gens sont laids, on a connu mieux.
Lui : Ca doit être parce qu’on est le dimanche, trop d’intellos qui veulent se sentir exister.
Elle : Sans doutes. Donc tu te considères comme une croûte puisque tu n’es actuellement pas dans un coin ? Alors, il est où ton amour propre ?
Lui : Oui, je suis un moche-bien moi.
Elle : Ah… Donc amour propre à mi cuve…
Lui : Non, je suis un moche-bien. Il existe deux types de gens moches : les moches-moches et les moches-biens. Mais bon, après il y a aussi les biens-moches et puis très rarement les biens-biens.
Elle : Et quelle est la différence entre tout ça môssieur ?
Lui : Dans l’ordre de tri décroissant ce sont d’abord les moches-biens au top, ensuite les biens-biens, puis les biens-moches, et en dernier les moches-moches… Parce que, être bien-bien c’est ennuyeux, la perfection ça n’a rien d’excitant, ça ne palpite pas, ça ne pétille pas, tout est prévisible dans la perfection, pas de piment… Et puis c’est mieux d’être moche-bien que bien-moche : il vaut mieux avoir l’air amélioré que raté…
Elle (rires) : Donc ton amour propre se porte toujours bien si je comprends bien… Mais alors entre les biens-biens et les biens-moches, pourquoi les bien-biens sont mieux ?
Lui : Ca c’est simple, par exemple, pour les repas, tu préfères un mec qui a inventé la machine à faire les repas ou un mec qui a inventé la machine à courber les bananes ? Les deux ont une qualité : l’imagination mais l’un est parfait, l’autre raté… Tu remarqueras que le moche-bien les surpasse tous les deux puisque, lui, fera lui-même les repas, ne tombant pas ainsi ni dans la routine industrielle et automatique de la perfection, ni dans la frustration que procure un bien-moche de par son côté raté.
Elle : Mhh… je vois. En quelque sorte, je suis une moche-bien alors ! Merde si j’avais su ça plus tôt ça m’aurait évité de vouloir avoir l’air parfaite et de m’empêcher de péter au lit.
Lui : Mais machère, le pet est la consécration de l’interdit, ainsi l’action de péter revient à exprimer son talent à refuser l’interdit que tout le monde accepte, y compris les biens-biens. Mais l’exemple est un peu glissant, car l’action d’expulser des flatuosités entraîne une suite d’évènements qui n’entrent plus dans la dialectique de l’interdit.
Elle : Oui je vois ce que tu veux dire, ne persistons pas ici. Allons voir l’autre salle.
Lui : Allons-y gaiement, entre moches-biens.

Epilogue : Finalement, ils se marièrent, furent très heureux, et eurent beaucoup d’enfants (?) qui eurent le droit d’exercer les joies de la flatulence tant que les conséquences n’entraînaient pas d’inconvénients d’ordre olfactif.

mardi 10 avril 2007

Une fois...


C’est à l’eau que je prends, dans le vent qui s’y noie,
Quand je vois en avant, les mers blanches du temps.
C’est à l’eau que je prends, un peu de moi là bas,
Quand le froid et la pluie, effacent l’or d’antan.


C’est à l’air que je donne, quand sonnent les hautbois
Un peu de vous ou moi, pour un jour caressant.
C’est à l’air que je donne, quand rayonne tout bas
Un peu de votre voix, pour un ciel tournoyant.


C’est à vous que j’écris, pour la nuit que l’on voit,
Un peu de notre temps, dans l’orange et le blanc.
C’est à vous que j’écris, pour garder sous nos toits,
Un peu de cet endroit, où s’endorment nos chants.


Je ne suis qu’un passant, dans le sable des rois,
Je ne pense qu’à mon souffle, qui halète en dansant.
Je ne suis qu’un passant, sur la terre qui rougeoie,
Je ne souffle qu’une fois, le parfum d’autrefois.

La couette

Pourquoi n’aime-t-on pas se lever ? Pourquoi le temps c’est de l’argent ? Pourquoi l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt ? Moi je ne suis pas d’accord. Je trouve qu’il faut beaucoup plus de courage à rester vautré sous la couette un jour où il faut travailler. Et puis la couette, c’est le plus grand catalyseur d’idées et d’actions qu’on ait fait au monde. Il n’y a qu’à voir tout ce qu’on y fait sous la couette. Moi j’y dors, je rêve, je mange parfois, je travaille aussi (comme ça je fais un peu sérieux quand même), je me végétalise, m’animalise, je refais le mythe de la caverne, je joue à cache cache, parfois crac crac boum boum, parfois presque du sport, je lis, je dessine, je regardes des films d’intello (bah oui faut bien se la péter un peu, je vais pas dire que je regarde des navets), j’y suis dans tous les sens, allongé, assis, de travers, à l’envers, étalé, en piquet, en chien de chasse, en nounours, en guimauve, en chandelle (bon ça j’ai essayé qu’une fois, à part avoir les pieds qui respirent, le reste c’est plutôt congestif)… On y passe presque la moitié de sa vie dans sa couette !
Non je pense qu’il faut reconsidérer réellement le statut de la couette dans la société. Si nous n’avons pas assez de gens épanouis c’est que la couette n’a pas été mise en valeur dans les mœurs. Il faudrait inventer une thérapie de la couette. Qui n’a jamais rêvé de venir au boulot avec sa couette ? Ca ne changerait que la vision strictement rétinienne de l’efficacité au bureau. Tout le monde sait comment on est efficace au boulot. On est efficace parce qu’on a que ça à foutre. Si nous n’étions pas efficaces, on s’emmerderait. C’est là qu’est le vice ! Avec une couette, nous ne serions pas efficaces par peur de l’ennui, nous serions efficaces par prédisposition environnementale agréable. La couette c’est le futur de la HQE (Haute Qualité environnementale pour les incultes et les ignares) (oui je me la pète encore, mais il parait que c’est bon pour la santé alors faites pas chier hein ?).
Et puis imaginez les avantages, le patron arrive, hop ! On se cache sous la couette, on ne bouge plus et il disparaît, un commercial vient faire son speach ? Hop tu le saucissonnes dans la couette et tu le chatouilles jusqu'à ce qu’il sorte de son costume trois pièces guindé jusqu’aux orteils. Le rêve… ! Non vraiment si on veut de nouveau conquérir le monde, faire du temps de l’argent, et posséder l’avenir, il est nécessaire de remettre la couette au sein de notre schéma social. Moi je vous dis, sarko, sego, bayrou et tous les autres ils n’ont rien compris, ce qu’il faut à la France ce sont des couettes. D’ailleurs si tout le monde me supplie je veux bien me dévouer pour être président. Mais alors président au lit ! bien entendu. Et puis comme ça on m’apportera les croissants avec un petit drapeau français ça me fera cure-dent. Je suis trop ambitieux ? Tant pis ! Mais alors cette année, votez utile et stratégique, votez la couette ! Poils à la tête.
 
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